Weiqi ou le jeu de Go
Le jeu de Go (wéiqí 围棋) est l’un des jeux les plus vieux du monde encore pratiqué de nos jours. Il est né en Chine il y a plus de 3000 ans. Dans la Chine antique, le jeu de Go faisait partie de l’éducation des lettrés, au même titre que la calligraphie, la musique ou la peinture. En tant que jeu de stratégie, il était très apprécié des guerriers et militaires. Il se joue au Japon depuis 1200 ans et ne s'est répandu que récemment en occident.
Ce jeu oppose deux adversaires qui placent à tour de rôle des pierres noires et blanches sur un tablier, appelé goban, tentant ainsi de contrôler le plan de jeu en y construisant des "territoires" qui se comptent en points. Chaque "pierre" représente un soldat … les soldats encerclés deviennent des prisonniers. Le jeu consiste à encercler les pions de son adversaire pour s'en emparer. Celui qui occupe le plus de cases est vainqueur.
La règle de prise
Echapper à la prise
Selon d'anciens livres, le Weiqi fut inventé par Yao, le légendaire Empereur Chinois, et Shun, son conseiller. Cette attribution indique la naissance incroyablement précoce du jeu. Dans la période des Printemps et Automne, des gens utilisaient des termes de Weiqi comme "ju qi bu ding" (Tenir la pierre et n'être pas sûr du mouvement à faire) signifiant "être hésitant et incapable de se décider".
Le monde du Go, c'est aussi le monde de l'écriture en caractères. Les pays où le Go est pratiqué sont en effet ceux où l'écriture d'origine chinoise constitue un socle culturel essentiel, que ce soient les caractères chinois traditionnels à Taiwan, Hong-Kong et Singapour, les caractères dits "simplifiés" en Chine RPC, les caractères kanji incorporés au japonais à côté des katakana et hiragana, ou les hanja utilisés en marge du hangeul, le système d'écriture coréen.
Or, l'écriture en caractères présente d'étonnantes similarités avec les caractéristiques du Go et sa logique de raisonnement :
Visualisation des signes dans un format "carré", en 2 dimensions par contraste avec l'écriture alphabétique linéaire.
Souci de la précision et vision globale : il faut à la fois reconnaitre globalement un caractère, tout en étant attentif à ses détails qui permettent de le distinguer d'autres caractères (certains caractères peuvent être graphiquement proches mais complètement différents au niveau du sens)
Sens du timing et de la minutie : pour chaque caractère l'ordre d'écriture des traits est précis et intangible, tout comme certaines séquences de jeu de Go.
Travail de la mémoire. Si un écolier français doit apprendre 26 lettres pour les combiner ensemble, un jeune chinois doit apprendre par coeur plusieurs milliers, voire plusieurs dizaines de milliers de caractères différents. On peut imaginer que ce travail de mémorisation intense rejaillit sur les capacités à reconnaitre des situations de Go et leurs solutions...
(Pour aller plus loin sur ce thème de l'interaction langues - cultures - schémas de pensée, voir le livre de Richard Nisbett, "La Géographie de la pensée")
Liens utiles :
Découvrez le jeu de go avec Dédé
à Chengdu, des joueurs de Go s'affrontent au parc du Peuple (sept 2006)