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Publié par Jardin de Chine

L’Eau, source de toute chose 水为万化之源

C’est très tôt que les Chinois se sont rendu compte que l’eau 水 (shuǐ) était source de toute vie. En effet, dans le Registre des Racines et des Herbes on trouve cette phrase :水为万化之源(shuǐwéiwànhuàzhīyuán) : l’eau est à la source de toute chose. L’eau est un des Cinq Éléments et dans le classique taoïste Daodejing, on trouve plusieurs passages qui disent que « la plus grande vertu est pareille à l’eau » 上善若水 (shàngshànruòshuǐ) car « elle est bénéfique aux Dix Mille Choses et ne rentre jamais en conflit » 水善利万物而不争(shuǐshànlìwànwùérbùzhēng). Cela montre que les Chinois aiment l’eau et lui donnent une signification particulière.

L’Eau, source de toute chose 水为万化之源

Le caractère de l’eau 水(shuǐ), souvent utilisé comme composant graphique sous sa forme simplifiée , représentait en graphie ancienne un cours d’eau.

Pays du thé pour la boisson, qui se dit 茶水 (cháshuǐ), la Chine accorde aussi beaucoup d’importance à la qualité de l’eau 水质(shuǐzhì). Ainsi dans le Classique du Thé de Lu Yu (733-804) qui date de l’époque Tang, un chapitre entier est consacré à l’eau. On y trouve une classification des différents types d’eau en fonction de leur qualité : l’eau de montagne 山水(shānshuǐ), l’eau des rivières 江水 (jiāngshuǐ), et l’eau du puits 井水 (jǐngshuǐ). Aujourd’hui, pour boire son thé, il n’est plus nécessaire d’aller la chercher sur la montagne ni à la source, car on la trouve en bouteille 瓶子(píngzi) pour l’eau minérale 矿泉水(kuàngquánshuǐ) ou au robinet après l’avoir filtrée 过滤(guòlǜ) pour l’eau courante 自来水(zìláishuǐ). Les Chinois ne boivent en général que de l’eau chaude开水(kāi shuǐ) et quand vous êtes malade, on vous dira toujours de « boire beaucoup d’eau » 多喝水 (duōhēshuǐ).

La Chine compte un nombre innombrable de fleuves, rivières, lacs, mers et autres étendues aquatiques que l’on regroupe sous l’appellation 江河湖海 (jiānghéhúhǎi) ou littéralement « fleuve, rivière, lac, mer ». Rien que pour désigner un cours d’eau, on trouve trois appellations différentes : 江(jiāng) comme dans « le long Fleuve » 长江 (chángjiāng), 河(hé) comme dans « le fleuve Jaune » 黄河 (huánghé) et 川 (chuān) qui est un pictogramme qui représente de façon stylisée les berges d’un cours d’eau avec l’eau qui coule en son milieu.

Lorsque l’on parle des « fleuves et des montagnes » 河山 (héshān), on parle en fait d’un pays et lorsque l’on veut dire que c’est un beau pays, on dira 大好河山 (dàhǎohéshān) « beaux fleuves et grandes montagnes ». On peut aussi dire « montagnes claires et jolie eau » 山清水秀 (shānqīngshuǐxiù) pour décrire un joli endroit.

 

Huanglong, Sichuan

Huanglong, Sichuan

Depuis l’Antiquité, les Chinois ont dû faire face à de nombreuses inondations 水灾 (shuǐzāi) et problèmes de sécheresse 旱灾 (hànzāi). L’impétueux fleuve jaune 浩浩荡荡的黄河 (hàohàodàngdàngdehuánghé), dont le lit 河床 (héchuáng) se déplaçait sur des centaines de kilomètres de distance ou rompait les digues 决堤 (juédī) et le Yangtsé inondait régulièrement les plaines centrales. La légende du Grand Yu qui dompte les eaux 大禹治水(dàyǔzhìshuǐ) raconte l’histoire de ce combat des Chinois contre les inondations 洪灾(hóngzāi) du fleuve Jaune. C’est certainement de là que vient cette habitude chinoise de changer le cours des fleuves et des rivières 改河道 (gǎihédào), de construire des digues et des barrages 建堤坝 (jiàndībà) et de creuser des canaux 挖运河 (wāyùnhé). Ce sont les Chinois qui ont construit le premier barrage du monde au Sichuan à Dujiangyan il y a 2 200 ans, c’est le 都江堰 (dōujiāngyàn) (classé à l’UNESCO). Ils ont aussi creusé le canal le plus long du monde : le Grand Canal 大运河(dàyùnhé) dont la construction a débuté il y a 1 400 ans. C’est encore eux qui ont érigé ce colossal barrage sur le Yangtsé dans les Trois Gorges : 三峡大坝 (sānxiádàbà) le barrage des Trois Gorges dont la construction s’est achevée en 2006.

Les Trois Gorges 三峽 Sān Xiá ou gorges du Yangzi Jiang

Les Trois Gorges 三峽 Sān Xiá ou gorges du Yangzi Jiang

« Sur le long fleuve de l’histoire » 历史长河中 (lìshǐchánghézhōng) comme on dit en chinois, on s’aperçoit que le leitmotiv de réguler les cours d’eau est omniprésent dans l’histoire chinoise. Par exemple, à Hangzhou, là où se trouve l’un des lacs 湖泊(húpō) les plus connus de Chine : le Lac de l’Ouest 西湖 (xīhú), on trouve plusieurs digues 堤 (dī) construites pour empêcher l’envasement du lac.

Ces étendues d’eau douce dans les terres sont très nombreuses en Chine et il serait difficile d’en faire une liste exhaustive. Parmi les lacs les plus connus, on trouve le Lac de l’Ouest 西湖 (xīhú), le Lac Taihu à Wuxi 太湖 (tàihú), et le plus grand est le lac du Qingha i青海湖 (qīnghǎihú) ou plus littéralement « le lac de la mer verte ». Il est intéressant de voir que la plupart des lacs à Beijing sont en fait appelés « mer » 海(hǎi), comme dans Shichahai 什刹海 (shíchàhǎi), Beihai 北海(běihǎi) « lac du Nord » ou encore Zhongnanhai 中南海(zhōngnánhǎi) qui signifie en fait « le lac du milieu et du Sud » et désigne le parc où est installée la résidence présidentielle. La petite histoire veut que ce soit les envahisseurs mongols qui n’avaient jamais vu la mer et croyaient que les lacs de Beijing étaient l’océan qui les ont appelés ainsi.

Lac de l'Ouest à Hangzhou

Lac de l'Ouest à Hangzhou

Des poèmes parlent de la beauté lacustre. Thème romantique par excellence, le lac envahit la poésie chinoise. L’une des pièces de musique classique chinoise les plus connues est comme par hasard « Lune d’automne sur le lac calme » 平湖秋月 (pínghúqiūyuè).

Omniprésent sur la côte est de la Chine, le littoral linéaire côtier 大陆海岸线 (dàlùhǎiànxiàn) fait 18 000 kilomètres ,ce qui en fait le quatrième plus long littoral au monde. La « grande mer » 大海 (dàhǎi) comme on dit est symbole de largeur d’esprit et d’ouverture d’où l’expression 海纳百川 (hǎinàbǎichuān) : « la mer accueille tous les fleuves en son sein ». Elle est aussi la frontière avec l’étranger, d’où le « au-delà de la mer » 海外 (hǎiwài) qui signifie à l’étranger, ou bien « les gens venus par l’océan » 洋人(yángrén) qui désigne les étrangers. Symbole d’immensité, la mer est souvent désignée par des formules très grandiloquentes telles « immense mer » 汪洋大海 (wāngyángdàhǎi), ou 无边无际的大海 (wúbiānwújìdedàhǎi) « grande mer sans frontières ». Quand les francophones disent « chercher une aiguille dans une botte de foin », les Chinois disent « chercher une aiguille dans la mer »大海里捞针 (dàhǎilǐlāozhēn), tâche effectivement beaucoup plus ardue. Attention toutefois à ne pas boire la tasse ! 小心别呛水!(xiǎoxīnbiéqiàngshuǐ)

Source : Vous reprendrez bien un peu d’eau ? La Chine au Présent

(En-tête) La Rivière Li de Guilin à Yangshuo

Yuyuan à Shanghai

Yuyuan à Shanghai

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