Le bonheur 福 fú
Bonheur, félicité, prospérité, etc., telles sont les principales significations du caractère 福 (fú), dans lequel on retrouve l’abondance de la jarre pleine (富), ici associée au signe général des affaires religieuses (礻contraction graphique de 示 shì).
Plus que ce qu’il représente, le plus remarquable dans cet idéogramme est ce qui n’y figure pas. Qu’il ne comporte pas le signe du cœur (心 xīn) montre que pour l’esprit chinois le bonheur n’est pas un sentiment individuel ; qu’il ne comporte pas non plus le signe du « mandat du ciel » (命 mìng) montre également que le bonheur n’est pas une récompense due à la décision d’une quelconque entité transcendantale.
Rendre ce mot simplement par « bonheur » en restreint un peu la signification. Il vaudrait mieux y voir cet apaisement résultant d’un accord harmonieux entre le matériel et l’invisible entre le terrestre et le rituel garantissant une abondance de nourritures terrestres.
(100 mots pour comprendre les chinois – Cyrille Javary)
Proverbe : 塞翁失马,安知非福 sài wēng shī mǎ ,ān zhī fēi fú "A la frontière, un vieil homme perd son cheval, mais qui sait si ce n'est pas un bonheur? "
Ce proverbe dont le sens ne saute pas aux yeux signifie : "D'un mal peut venir un bien".
Pour comprendre la signification de ce proverbe, il faut remonter dans l'Histoire chinoise, au temps des Royaumes Combattants (403 - 221 avant JC.). Durant cette époque, des seigneurs de guerre se disputaient la souveraineté du royaume jusqu'à ce que l'empereur Qin unifie la Chine en 221 Avant JC. A cette époque mouvementée, vivait donc un vieil homme et son cheval à la frontière d'un des royaumes. Un jour, son cheval s'enfuit. La tristesse gagna notre vieil homme et ses amis ne pouvaient le consoler. Cependant, deux ans plus tard, son cheval revint accompagné d'une jument. Un jour, le fils du vieil homme fut jeté à terre par ce cheval et se cassa la jambe. Ce fut une grande peine, mais cela permit au jeune homme d'éviter d'être enrôlé par l'armée et ainsi de participer aux cruelles batailles qui sévissaient à l'époque.