L’être humain 人
L’être humain 人 (rén), l'Homme, personne debout qui marche sur deux jambes
"Peu préoccupé par les questions d’origine ou de création, l’esprit chinois n’accorde pas à l’être humain une essence spécifique mais plutôt une conscience pragmatique de sa particularité.
Les formes les plus anciennes de l’idéogramme 人 désignent le genre humain en général sans distinction de sexe (femme 女 nǚ – homme 男 nán). La forme traditionnelle du caractère, partant de l’idée que les seuls mammifères à pouvoir se tenir longtemps debout, y voit l'humain de profil en train de marcher … A la différence des animaux, ils ont un but. On retrouve dans cette explication ce trait de caractère permanent de l’âme chinoise : la conscience de la perpétuité du changement et et la foi dans l’avenir, deux sentiments qui, aujourd’hui surtout, animent l’ensemble des Chinois"
100 mots pour comprendre le chinois – Cyrille JAVARY
Quelques exemples d'utilisation du radical 人 dans les mots :
人人 (rénrén) : tout le monde
从 cóng - Un homme (人) qui marche à la suite d'un autre homme (人), dans le même sens : Suivre, obéir, accompagner, imiter
众 zhòng - trois hommes (trois représentant un nombre indéterminé) : Nombreux, Foule, multitude, assemblée
休 xiū - un homme 亻人 (rén) se reposant contre un arbre 木 (mù) : Se reposer, cesser
"L’histoire de la pensée chinoise s’inscrit par essence dans le cadre d’une tradition humaniste principalement fondée sur une conception de la personne humaine. Il n’est pas exagéré de dire que l’humanisme a de fait dominé la pensée traditionnelle chinoise dès qu’une véritable conscience philosophique est apparue.
Mais il s’agit d’un type d’humanisme bien spécifique. En mettant fortement l’accent sur l’importance et sur la dignité de la personne humaine, elle-même comprise comme voie de réalisation des valeurs suprêmes du monde, l’humanisme chinois s’est développé dans un contexte socioculturel particulier radicalement différent de celui des pays occidentaux.
La culture chinoise traditionnelle, sous l’influence de Confucius et de la longue domination du confucianisme, n’a jamais revendiqué la croyance en un dieu tout-puissant, ni conçu l’idée d’une création de l’homme et du monde par Dieu, ni éprouvé ce besoin insatiable de croire en l’immortalité de l’âme ou en l’existence d’un autre monde après la mort. Pour l’école confucéenne, le plus important, c’est la vie de l’homme, son existence dans le monde réel et dans la société, lesquels reposent avant tout sur ses propres actions. Cette idée offre peut-être la meilleure définition de la conception de l’homme dans la civilisation chinoise." (La Personne humaine dans la civilisation chinoise par RU XIN)
Voir aussi :
Initiation à la calligraphie chinoise
Les idéogrammes ou l'empire du sens par BELLASSEN Joël