Arbres Sacrés en Chine
L'arbre 木 est omniprésent dans la tradition chinoise.
Il suffit de rappeler que la langue chinoise classique se compose de 214 caractères fondamentaux dits "radicaux" ou racines. Pour ces caractères chinois ou sinogrammes on distingue également la racine (base du caractère), le tronc (partie principale et verticale du caractère), les branches (parties secondaires du caractère horizontales ou obliques). Le caractère chinois classique se compose donc comme un arbre.
Dans le Yijing (ou Yi King – le Livre des Mutations) "Les feuilles de l'arbre commencent à pousser, c'est l'action de la cause initiale (Bois). Les fleurs s'ouvrent c'est la liberté d'expansion (Feu). Les fruits se forment c'est le bien (Terre). Ces fruits se développent et mûrissent c'est la perfection".
De son coté Mengzi (Mencius) l'un des grands auteurs classiques de la Chine Antique explique : "Toute chose à des racines et des branches. Les événements ne finissent que pour recommencer. A travers dix mille mouvements et dix mille changements le Tao reste Un".
En astrologie chinoise on retrouve la notion essentielle des "Troncs Célestes" (Tian Gan) et des "Branches Terrestres" (Di Zhi).
"Le calendrier traditionnel chinois est la combinaison d'un tronc et d'une branche, l'accouplement d'un indice solaire et d'un indice lunaire. En juxtaposant six fois les Dix Troncs et cinq fois les Douze Branches, on obtient un cycle de soixante combinaisons. La mise en place de ce cycle sexagésimal, invariable, va servir à désigner les années, les mois, les jours et les heures" (Françoise Bernier dans "Horoscopie Chinoise")
Le genévrier aux neuf dragons
Ce genévrier chinois (Juniperus Chiensis) est l'un des joyaux du parc qui entoure le célèbre Temple du Ciel à Pékin. L'arbre, de plus de 500 ans, possède une écorce très particulière, avec de nombreuses rainures verticales tordues. La légende dit que ce sont neuf dragons qui regarde le ciel, d'où le nom de l'arbre.
Depuis des millénaires les sages de l'ancienne Chine eurent une vision assez précise des mouvements de vie qui animent les arbres. Ils furent donc probablement les premiers, le Liji (Li Ki) ou Livre des Rites, l'un des Cinq Grands Classiques de la Chine, en atteste, à édicter des règles qui avaient pour but de les protéger :
"Premier mois du Printemps … Il est fait défense d'abattre des arbres. Qu'on ne renverse pas les nids. Qu'on ne détruise pas les petits animaux, les fœtus, les nouveaux nés, les oiseaux au sortir du nid, ni les faons, ni les œufs…" "Second mois de Printemps …qu'on protège les bourgeons et les pousses, qu'on nourrisse les petits animaux…"
"Premier mois d'Eté…que rien ne soit dégradé ni ruiné, qu'on n'abatte pas de grands arbres…" "Second mois d'Eté…qu'on protège la forêt, qu'on ne fasse pas de feux dans les endroits exposés au sud » « Troisième mois d'Eté…En ce mois les arbres prospèrent : il est ordonné aux inspecteurs d'aller à la montagne et de veiller à ce que les arbres ne soient ni taillés ni abattus". Il est ajouté "Respecter les arbres, c'est respecter la vie".
L’Arbre aux quarante écus, l’Abricotier d'argent ou Ginkgo (Ginkgo biloba), naturalisé dans le sud-est de la Chine dans les Monts Tianmushan, la plus ancienne famille d'arbres connue serait apparue il y a plus de 270 millions d'années. Elle existait déjà une quarantaine de millions d'années avant l'apparition des dinosaures.
En énergétique chinoise l'arbre, donc le Bois, symbolise le Printemps, l'Est, l'Orient, le Petit (ou Jeune) Yang, la croissance, la régénération, la renaissance et la résurrection. Il puise sa force dans les profondeurs de la Terre, ce qui correspond au Nadir, au Grand Yin, au Nord, à l'Eau grâce à ses racines mais sort de l'obscurité pour venir à la rencontre de la lumière. (Extrait de L'ARBRE DANS LA TRADITION CHINOISE)
Proverbe : 枯木逢春 L'arbre desséché renaît au printemps